Intervention en Commission des Finances sur les conséquences du référendum grec
Monsieur le président, contrairement à ce qui a parfois été annoncé la semaine dernière, la porte est toujours ouverte aux discussions avec la Grèce. Tout le monde est d’accord pour dire que c’est une bonne chose.
Pour que les discussions soient ouvertes, il faut travailler sur un plan tangible. Nous attendons donc tous que soit proposé un plan tangible, un plan de réformes sérieux et crédible, un plan écrit et chiffré. À ce sujet, je voulais connaître l’engagement de la Grèce à y parvenir. Y a-t-il un timing précis?
On a remarqué un grand désaccord, ces dernières semaines, sur le fait qu’un plan était bel et bien présenté. Ce n’est qu’une fois que ce plan sera clairement déposé et établi qu’on pourra envisager un accord. Cet accord servira lui-même de base à une nouvelle aide financière de l’Union européenne et pourquoi pas, à terme, du FMI.
S’il devait y avoir un troisième plan de sauvetage de la Grèce, après ceux de 2010 et 2012, pour 240 milliards d’euros, on ne peut pas parler d’arrogance! On peut parler de solidarité vis-à-vis de la Grèce, une solidarité qui va de pair avec une responsabilité importante, quelle que soit la ligne politique du gouvernement grec. Ce dernier, comme tous les gouvernements, doit être capable de prendre les mesures nécessaires au prélèvement juste et effectif de l’impôt pour assurer une situation financière et économique saine au bénéfice des habitants.
La Grèce a en main toutes les cartes dont elle a besoin pour rester dans la zone euro, et c’est ce que nous souhaitons. Mais on oublie parfois de rappeler, et ce n’est pas un tort, que le fait de faire partie de la zone euro entraîne des obligations. On n’a pas seulement des droits, on a aussi des devoirs. Ces décisions politiques, parfois difficiles à prendre et parfois difficiles à accepter par les populations, ont été prises par d’autres pays d’Europe avec succès! Je ne trouve donc pas anormal de dire qu’il y a une solidarité mais qu’il y a aussi une responsabilité de la part de ceux vers qui cette solidarité est dirigée.
Ces mesures sont en effet parfois difficiles. D’autres pays les ont prises. Le nôtre prend également – mais à un autre niveau, heureusement – ses responsabilités en essayant de mener les réformes nécessaires.
Par ailleurs, la gestion de l’euro doit se dérouler collectivement. Si un État membre ne remplit pas ses engagements vis-à-vis de la monnaie unique, il s’affaiblit. Mais, ce faisant, il entraîne avec lui tous les autres pays de la zone euro. C’est un risque que nous ne pouvons pas tolérer. Je pense que personne ici n’accepterait ce scénario. Dans cette perspective, il importe que la Belgique se montre extrêmement volontariste dans le dossier du renforcement de l’Union économique et monétaire. Le dernier rapport qui avait été présenté par les cinq présidents lors du dernier Conseil européen évoquait, au demeurant, cette nécessité.
N’en déplaise à certains, je maintiens que c’est seulement lorsque le développement économique et monétaire est sain et durable que l’on peut assurer les politiques sociales, et pas l’inverse.
Il a été question de mesures d’ajustement visant la dette grecque après l’entée en vigueur de toutes les réformes. Qu’en est-il? Cette possibilité a-t-elle été discutée? Quel serait le timing de sa mise en œuvre?
De part et d’autre, la volonté d’aboutir est absolue. Dire le contraire ne serait pas exact et reviendrait à faire des procès d’intention. Cela dit, notre job consiste aussi à envisager toutes les hypothèses possibles. Si les discussions n’aboutissaient pas, quelles seraient les conséquences d’un non-remboursement de la dette pour l’Europe, mais aussi principalement pour la Belgique?
J’aimerais aussi que vous nous précisiez les fondements juridiques d’une sortie de la Grèce de la zone euro. Dans ce cas, quel en serait le schéma? Quels sont les risques que nous devons anticiper, tant au niveau politique qu’économique et financier?