Sophie Wilmès deviendra députée à un moment très particulier pour l’Europe, avec une menace interne : la montée des populismes qui va peut-être faire basculer le rapport de force au sein de l’Union et une menace externe : la guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe… « C’est en effet fondamental ce que vous dites, mais je veux juste recadrer le propos avec quelque chose de tout aussi fondamental : la première chose, c’est de bien comprendre que les décisions prises au niveau européen sont fondamentales dans la vie de tous les jours des habitants de l’Union et dès lors des Belges. Nos concitoyens s’en rendent de plus en plus compte et donc cela mérite d’aller y mouiller sa chemise dans l’intérêt des Belges. »Sophie Wilmès en revient à la double menace. « Si les sondages ne sont pas démentis, l’extrême droite deviendrait potentiellement le troisième plus gros groupe du Parlement européen. Le projet de l’Union, c’est plus que le marché unique, c’est aussi une âme, une vision. C’est la défense des libertés fondamentales et individuelles, l’état de droit, les principes démocratiques, etc. Jusqu’à présent, tous ces acquis sont considérés comme étant pérennes. La réalité, c’est que la montée des extrêmes fragilise cette certitude. C’est la raison pour laquelle il faut impérativement, entre démocrates et comme tête de liste pour le MR, se battre contre cette poussée et convaincre les électeurs de l’importance de continuer à porter le projet européen et ses valeurs. »Quant à la guerre en Ukraine, « au-delà de la souffrance du peuple ukrainien, il y a toutes les conséquences sur notre union et les conséquences potentielles si l’Ukraine ne devait pas l’emporter. Il est fondamental de continuer à soutenir l’Ukraine, aussi dans une optique d’adhésion à l’Europe, le jour où elle sera en capacité d’y adhérer, ce qu’elle devra démontrer : il n’y a pas ici de coupe-file. C’est important qu’on puisse la soutenir dans cette démarche-là, puisque c’est son aspiration. »L’Europe est-elle, en capacité de rassurer sa population ? On a parfois l’impression que sa voix faiblit, tout comme son poids dans les relations internationales ? « L’Europe a toujours été ce qu’on appelle un soft power et aujourd’hui, on se rend compte que ça n’est pas suffisant et que l’Europe doit s’affranchir de ses dépendances et se développer en tant qu’union en capacité de peser dans les grands équilibres stratégiques du monde », reprend la tête de liste du MR à l’Europe. « On parle beaucoup du développement de la défense européenne. L’Europe de la défense, c’est quelque chose que j’avais déjà défendu avant l’invasion de la Russie en Ukraine. C’est-à-dire un pilier fort de l’Europe dans un OTAN fort. Cela revient de manière spectaculaire à l’agenda. Si vous voulez empêcher la guerre, vous devez être à tout le moins capable de démontrer que vous êtes en capacité de la gagner. »

Sophie Wilmès insiste sur une autre notion qui transcende les thématiques urgentes pour l’Europe. « Ce qu’on appelle l’autonomie stratégique qui doit être en adéquation avec nos objectifs climatiques et de protection de l’environnement. C’est la fin de notre grande dépendance par rapport aux pays tiers. On l’a vu lors de la crise sanitaire avec les médicaments, le matériel médical. On l’a senti aussi avec la guerre en Ukraine où il a fallu très rapidement diversifier notre approvisionnement énergétique. Pour moi, l’Europe de la défense s’inscrit dans un chapitre plus essentiel ou plus grand, qui est l’autonomie stratégique et qui est en fait une vision pour une Europe plus forte, plus indépendante, qui va peser de manière plus importante dans les grands équilibres géostratégiques. Ce sursaut européen où l’Europe doit agir plutôt que subir est fondamental, même existentiel. »

Une vision d’autonomie stratégique qui doit donc pouvoir se décliner au travers des différentes thématiques : l’énergie, la défense, la compétitivité des entreprises ou encore l’autonomie alimentaire. « On le voit au travers de la colère des agriculteurs que l’on comprend bien parce qu’il s’agit ici d’un élément fondamental à nos grands équilibres. »

L’Europe est-elle en capacité de réussir cet énorme challenge, elle qui ne parvient pas toujours à parler d’une seule voix ? « Quand on cherche l’unanimité, c’est plus compliqué, mais je constate, malgré les difficultés, que les décisions urgentes sont prises (vaccins, aide à l’Ukraine). Je pense qu’elle devrait pouvoir agir plus rapidement et avec plus d’agilité. »

L’article en entier est paru le 23 mars 2024 dans Sudpresse