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La Libre Belgique.

Sophie Wilmès (MR) s’inquiète d’une tentation de troc entre PS et N-VA : confédéralisme contre des concessions sociales.

L’aboutissement des négociations en Flandre recentrera sous peu l’attention sur le niveau fédéral, où le blocage paraît complet. La question principale n’a pas varié depuis les élections. La N-VA et le PS, que tout ou presque oppose, vont-ils virer de bord et négocier ? Bart De Wever a donné un signal négatif ce lundi en contournant le SP.A. Voie sans issue ? Pas forcément.

Charles Picqué (PS) a lancé un fameux pavé dans la mare vendredi dernier, en assurant que la N-VA devait « envoyer le signal qu’ils sont prêts à payer un prix socio-économique en échange de leur confédéralisme ».

La sortie a fait bondir le MR. « Charles Picqué dit clairement que le PS est prêt à négocier le confédéralisme avec la N-VA ! Si cette position est confirmée par la présidence du PS, le raisonnement consiste donc bien à faire payer la N-VA pour son projet institutionnel. C’est la preuve que le PS s’engage dans la dynamique du confédéralisme« , constate Sophie Wilmès (MR), ministre du Budget. « Il y a à peine deux mois, les socialistes faisaient encore campagne contre toute réforme de l’État. C’est un sacré virage qui m’inquiète. »

Précisons que le Bruxellois a assuré s’exprimer en son nom propre. Ce discours diffère fortement de la version officielle du PS. Reste que, selon nos infos, plusieurs élus socialistes partagent sa vision.

« Ce grand troc entre le PS et la N-VA est tout simplement inacceptable pour le MR. Nous n’avons pas mis le communautaire au frigo pendant cinq ans sous le gouvernement Michel pour, tout à coup, plonger dans les préludes de la séparation de la Belgique« , reprend Sophie Wilmès, dont le nom est évoqué pour succéder à Charles Michel à la tête du MR. « C’est la première fois depuis quarante ans qu’on a réussi à mettre en place un stop institutionnel dans ce pays. Il doit se prolonger pour qu’on se concentre sur les urgences socio-économiques. En Belgique, quand on fait de l’institutionnel, on ne fait que ça. Or, il y a des chantiers cruciaux qui nous attendent ! »

La ministre du Budget s’inquiète que des dossiers comme le Brexit, le coût du vieillissement, le climat, de l’enseignement ou le pouvoir d’achat n’en soient des victimes collatérales.

« Le MR a prouvé qu’il était possible de travailler avec la N-VA sans pour autant céder sur les questions communautaires », souligne-t-elle.  » Il y a une forme de faiblesse dans l’attitude décrite par Charles Picqué. Donne-moi ce que je veux et je te donnerai ce que tu veux. Le sens de l’État veut, au contraire, qu’on cherche le juste compromis dans l’intérêt général. Le confédéralisme, c’est chacun chez soi au détriment de tous. Ce n’est pas une option. »

Le message subliminal : le PS serait lui aussi prêt à travailler avec le N-VA. Mais sans résister aux revendications nationalistes. Les récentes déclarations de Paul Magnette et même d’Elio Di Rupo sont cependant très loin d’aller dans ce sens. Même si d’autres voix sont plus ouvertes à la chose, en interne.

Le MR estime qu’il n’y a pas de raison de faire de l’institutionnel une monnaie d’échange contre des politiques sociales. « Le gouvernement Michel a mis la création d’emploi au cœur de son action politique », ajoute la Rhodienne.  » U ne des premières sécurités sociales, c’est d’avoir un travail. La logique du ‘social contre communautaire’ ne tient pas la route. On peut mener des politiques ambitieuses qui misent sur l’émancipation sociale sans que l’on doive s’engager dans la scission du pays. »

Alors que le blocage fédéral reste complet, la possibilité d’un nouveau vote est évoquée avec de plus en plus d’insistance au sein des états-majors des partis.  » Je n’imagine pas qu’on retourne aux urnes de sitôt. Ce serait un sérieux aveu d’échec de la classe politique« , conclut Sophie Wilmès. « Ce serait comme jouer à la belote et demander au donneur de redistribuer les cartes jusqu’à ce que l’on ait une bonne main. Le système belge fonctionne sur la proportionnelle. La contrepartie à cela, c’est que nous devons former des coalitions. Nous ne pouvons pas nous permettre d’additionner les exclusives. Prenons de la hauteur et trouvons des solutions dans l’intérêt du pays. Il faut absolument éviter un blocage de 500 jours de discussions institutionnelles stériles entre le PS et la NVA comme en 2010-11. »