Semaine décisive pour l’orange bleue. Jeudi soir, le Premier ministre Charles Michel (MR) sera peut-être obligé de présenter au Roi la démission de son gouvernement minoritaire (MR, Open VLD, CD&V) si un vote en ce sens est exprimé par une majorité parlementaire. La N-VA a en tout cas fait son choix. Plusieurs ténors nationalistes, dont Jan Jambon dans La Libre , se sont exprimés depuis vendredi en faveur d’élections anticipées (donc avant la date prévue du 26 mai 2019). Sophie Wilmès, ministre MR du Budget, appelle, elle, à la stabilité du pays.

On connaît maintenant le positionnement de la N-VA. Va-t-on d’office vers des élections anticipées ?
En tout cas, on se rend compte que la N-VA a utilisé le pacte migratoire de l’Onu comme prétexte pour provoquer des élections.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Pendant deux ans, elle n’a émis aucune critique majeure contre le pacte. Elle a accepté que le Premier ministre s’exprime à la tribune de l’Onu (le 27 septembre) pour dire que la Belgique signerait le pacte. Et ce n’est que quatre semaines plus tard qu’elle y a vu un problème, après avoir pris une déconvenue aux élections locales (le 14 octobre)…
La population ne veut pas d’élections anticipées. Ça va ajouter de l’instabilité au pays pendant une longue période puisqu’on n’imagine pas qu’un gouvernement se forme alors qu’on sera en pleine campagne électorale (pour les régionales et les européennes qui auront de toute façon lieu le 26 mai, NdlR). La N-VA a fait le calcul qu’elle a intérêt à aller vers des élections en surfant sur la question de la migration. Son intérêt électoraliste passe avant la stabilité du pays. Le MR n’a pas peur des élections. Mais nous avons à cœur d’assumer nos responsabilités et de préserver la stabilité du pays.
La N-VA est un facteur d’instabilité ?
Je la vois comme un parti d’opposition qui devra décider de quel côté elle veut se trouver face à notre volonté d’avancer. Selon elle, l’attitude agressive du CD&V et de l’Open VLD à son encontre a été un point de rupture. Avez-vous eu cette impression au sein du gouvernement ?
Ce qui est évident, c’est qu’il y a un partenaire autour de la table qui a changé d’avis sur le pacte migratoire. Un seul. Et il en a tiré ses conclusions.
Olivier Chastel s’est toujours dit favorable à une reconduction de la suédoise (MR, N-VA, CD&V, Open VLD) en 2019. Vous aussi ?
Moi, j’ai toujours dit que la première chose à faire, c’était de passer par les élections. On verra alors les majorités possibles et on se prononcera en fonction du projet. Mais la Belgique a encore et toujours besoin de travailler sur les dossiers socio-économiques, sur l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Ce n’est qu’en créant des richesses qu’on pourra les redistribuer. Je m’inscris dans cette dynamique.
Vous êtes donc favorable à la continuité de la suédoise ?
Je suis favorable à la continuité d’un projet.
Le vote sur le budget 2019 a lieu jeudi. La N-VA doit-elle l’approuver ?
Les parlementaires votent librement. Mais on se souvient que le budget a été approuvé en commission parlementaire et qu’il a été défendu par moi-même et par le ministre des Finances, le N-VA Johan Van Overtveldt. Il me paraîtrait logique qu’on se positionne de la même manière ensuite. Chacun devra prendre ses responsabilités et expliquer sa cohérence ou son incohérence…
Quelles sont les conséquences d’un rejet du budget ?
Un budget est la capacité donnée à un gouvernement de mettre en place des nouvelles mesures. En 2019, ce sont des travaux supplémentaires dans le RER, des investissements pour la Défense et la police, il y a aussi l’enveloppe bien-être qui prévoit l’augmentation des allocations minimales pour 350 millions d’euros, etc. Il ne faut pas se tromper, hein. En plus, nos budgets sont évalués par la Commission européenne. La Belgique risquerait d’être confrontée à des problèmes importants. Je dis : attention aux directions qui sont prises !