Interview dans La Libre Belgique du 26 novembre 2018

Quelle mauvaise séquence pour les libéraux… Toute la semaine dernière, la mise en cause du Pacte de l’Onu sur les migrations par Theo Francken (N-VA), le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, a mis Charles Michel et le MR sous pression. Et, jeudi dernier, le turbulent nationaliste flamand en a remis une couche en reconnaissant lors d’un débat qu’il avait trouvé de l’inspiration dans certaines idées du… Vlaams Belang. Dans La Libre du week-end, le chef de l’opposition PS à la Chambre, Ahmed Laaouej, accusait la N-VA d’être le cheval de Troie de l’extrême droite au sein du gouvernement fédéral. Face à ces critiques, la ministre fédérale du Budget Sophie Wilmès (MR) a tenu à réagir. Elle relativise fortement les polémiques des derniers jours.
La N-VA est décidément embarrassante pour le MR. On ne compte plus les polémiques au niveau fédéral. Est-elle encore un allié possible après les élections de mai 2019 ?
La question des futurs partenaires de majorité dépendra de deux points essentiels. Tout d’abord, et c’est logique, le choix de l’électeur et, donc, la mathématique des sièges. Ensuite, la compatibilité des programmes développés par chacun des partis. À l’heure actuelle, je peux vous assurer d’une chose : les extrêmes (le PTB et le Vlaams Belang) ne seront pas les alliés des libéraux. Je suis par ailleurs sidérée de l’hypocrisie de certains partis de l’opposition – comme les socialistes ou Écolo/Groen – qui trouvent la N-VA totalement infréquentable au niveau fédéral mais, par contre, n’ont aucun souci à négocier en ce moment des majorités avec elle à d’autres niveaux de pouvoir.
Les relations MR et N-VA se sont-elles détériorées ?

L’opposition a réussi à imposer médiatiquement l’image du gouvernement “MR/N-VA” qui sous-entend l’existence d’une relation unique entre nous. C’est une erreur de jugement. Le MR entretient les mêmes relations de travail avec chaque partenaire de majorité : N-VA, Open VLD, CD&V et même CDH au niveau wallon. Forcément, quand un désaccord surgit au sein d’une majorité, le débat est vif mais cela ne nous empêche pas de travailler sur d’autres dossiers extrêmement importants. J’en veux pour preuve que, pas plus tard que vendredi, par exemple, nous avons concrétisé une grande partie du Jobs deal en Conseil des ministres.
Cet été, aux côtés du ministre François Bellot (MR), vous avez appelé dans La Libre à la refédéralisation de certaines compétences. La N-VA avait réagi durement. Et voilà une nouvelle opposition entre les nationalistes flamands et le MR sur le pacte onusien. On a l’impression que le MR prépare le terrain pour une autre formule gouvernementale en mai 2019, en prenant ses distances…
En tant que parti politique, il n’est pas anormal que nous développions notre point de vue sur toute une série de sujets. Le citoyen est en droit de connaître le projet libéral que nous portons, dans sa globalité. Former une coalition, c’est un impératif de notre système électoral. Chaque parti garde cependant son propre ADN. En ce qui concerne votre question spécifique sur la refédéralisation, je continue de soutenir l’idée d’un État plus efficace, à travers une répartition intelligente des compétences entre chaque niveau de pouvoir. La question n’est pas encore tranchée au sein du parti mais, quand je signe cette carte blanche, je le fais par conviction et non par calcul politique. Il en va de même quand le MR s’exprime sur ses valeurs.
Pensez-vous que le gouvernement actuel peut chuter sur le dossier du Pacte de l’Onu sur les migrations ?
Vous savez, on prédit – certains espèrent, même ! – la chute de ce gouvernement depuis octobre 2014. Je constate qu’on arrive en fin de législature et que nous sommes toujours là, avec un bilan solide.
Le MR est officiellement favorable à la reconduction de la “suédoise”. Est-ce également votre souhait ?
La “suédoise”, avec une famille libérale dominante, nous a permis de concrétiser de nombreux points de notre programme. Notre bilan est solide : nous avons augmenté le salaire net des travailleurs, nous avons facilité la vie des indépendants, nous avons créé de nombreux emplois et nous avons réduit nos déficits. Malgré cela, il nous reste encore énormément de travail. La “suédoise” est une formule qui marche sur le plan socio-économique. Maintenant, la future majorité dépendra des résultats électoraux et des priorités de chacun pour la prochaine législature.

Une question plus personnelle : pouvez-vous confirmer que vous serez en deuxième place sur la liste pour la Chambre à Bruxelles en mai 2019, derrière Didier Reynders ?
La question ne s’est pas encore posée en interne. Mais oui, j’ai bien l’intention de renouveler mon engagement politique au niveau fédéral.
On parle de Françoise Schepmans comme tête de liste MR aux élections régionales bruxelloises ? La soutenez-vous ? Issue de Molenbeek, elle permettrait de faire le lien entre le nord et le sud de Bruxelles.
Françoise est une femme de terrain qui n’a pas peur de mettre les mains dans le cambouis. Elle l’a prouvé à maintes reprises en tant que bourgmestre de Molenbeek. Maintenant, nous avons beaucoup de personnalités de qualité au MR bruxellois, toutes capables de relever le challenge. Le choix doit être discuté en interne. Mais oui, Françoise est une bonne candidate.
Sophie Wilmès, issue de la périphérie bruxelloise (Rhode-Saint-Genèse), pourrait être n° 2 sur la liste MR à la Chambre.