Ce lundi 12 juillet, la Vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, et ses homologues européens se sont retrouvés à Bruxelles pour le Conseil des Affaires étrangères (CAE).

Rencontre avec Yair Lapid, Ministre des Affaires étrangères d’Israël

Au cours de l’après-midi, les ministres des affaires étrangères de l’UE ont également eu un échange de vues avec leur nouvel homologue israélien, M. Yair Lapid, qui effectuait sa première visite à Bruxelles. La discussion a porté sur les relations bilatérales UE-Israël, surles questions régionales d’intérêt commun et sur le processus de paix au Moyen-Orient.

Sur ce dernier point, la Vice-Première Wilmès a souligné auprès de son homologue israélien que « la paix et la sécurité d’Israël dépendent en définitive d’une solution globale au conflit, juste et équitable, et du respect des droits des Palestiniens en tant qu’individus et en tant que peuple. » « La Belgique, comme l’UE, demande donc la fin de l’occupation et de la politique de colonisation, y compris à Jérusalem-Est. La démolition et la confiscation de propriétés dans la communauté palestinienne de Humsa – Al Bqai’a la semaine dernière sont extrêmement préoccupantes. » Elle précise : « Nous appelons les deux parties à s’abstenir d’actions unilatérales qui compromettent la faisabilité d’une solution politique et nous les appelons à travailler à nouveau à l’établissement d’une paix à long terme. »

Boussole stratégique

Le Conseil a discuté de la Boussole Stratégique de l’UE, destinée à orienter sa politique de Défense et de Sécurité. Pour rappel, il y a dix jours, les Affaires étrangères belges ont organisé un séminaire avec – pour la première fois – les hauts représentants des 27 ministères des Affaires étrangères et de la Défense des États membres européens.

Aujourd’hui au Conseil, la Vice-Première ministre Wilmès a partagé avec ses collègues les recommandations issues de ce séminaire : « l’Europe doit assumer une plus grande responsabilité vis-à-vis de sa propre sécurité et pour la stabilité de son voisinage. La boussole doit donc avant tout se concentrer sur les résultats concrets en termes de gestion de crise en matière de Sécurité et de Défense. Elle doit nous permettre d’agir plus rapidement contre les menaces hybrides, environnementales ou sur le plan de la cybersécurité, mais aussi de renforcer notre sécurité économique », a expliqué Sophie Wilmès. « Pour accroître nos capacités militaires, nous devons utiliser les instruments existants de l’UE (ex : CSP, FED ou CARD) de manière plus efficace et plus cohérente, et également mieux nous coordonner avec l’OTAN. Ainsi, la Boussole est un atout aussi dans nos partenariats, notamment les partenariats avec l’OTAN et les États-Unis. » Enfin, la Boussole stratégique ne doit pas être un exercice ponctuel. Au début de chaque législature européenne, l’analyse de la menace et les objectifs qui en découlent doivent être mis à jour.  « En conclusion, nous devons continuer à investir dans l’engagement politique et une gouvernance forte pour notre sécurité et notre défense », déclare Sophie Wilmès.

Éthiopie

À l’initiative du Haut Représentant Borrell, le Conseil a évalué une nouvelle fois la situation en Éthiopie faisant suite aux élections du 21 juin, huit mois après le début des hostilités dans la région du Tigré. Malgré le cessez-le-feu unilatéral et temporaire déclaré par le gouvernement fédéral à la fin du mois dernier, la situation humanitaire continue de se détériorer, avec des incendies se propageant dans d’autres parties du pays et des tensions qui s’intensifient avec les pays voisins.

La Belgique s’inquiète de la situation dans le pays même mais aussi pour la stabilité de la région. Notre pays appelle l’Union européenne à exhorter toutes les parties à respecter et appliquer le cessez-le-feu déclaré unilatéralement par le gouvernement éthiopien ainsi qu’à entamer des négociations. Chaque partie doit prendre des mesures concrètes, notamment sur le plan de l’accès et de l’aide humanitaires. Environ 91% de la population du Tigré – soit plus de 5 millions de personnes – ont besoin d’une aide urgente. On estime à 2 millions le nombre de personnes déplacées. La Belgique estime qu’il est grand temps que toutes les parties au conflit – à commencer par les autorités qui ont la responsabilité de protéger la population sur leur territoire – prennent la mesure du drame en cours actuellement.

Par ailleurs, la Belgique salue l’approche coordonnée adoptée par l’UE, les efforts entrepris pour maintenir le dialogue avec l’Éthiopie et le projet de résolution soumis par le SEAE au Conseil des Droits de l’Homme à Genève. Notre pays reste convaincu que la lutte contre l’impunité, l’établissement des responsabilités et le soutien aux victimes contribueront à la réconciliation et à la sortie de crise.

La Belgique attend les conclusions de l’étude de terrain menée par les services de la Haute-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Mme Bachelet, qui devrait être publié au mois d’août. Pour la Belgique, en fonction du contenu de celui-ci, l’UE doit être prête à envisager des mesures restrictives selon notre pays.

Afghanistan

Le Conseil s’est également penché sur les derniers développements concernant la situation en Afghanistan, dans le cadre du retrait des troupes américaines et de l’OTAN. En parallèle de ce retrait, la violence a gagné du terrain, tout comme les talibans sur l’armée afghane. L’évolution de la situation sur le terrain et dans la région sont donc très préoccupantes pour la Belgique. Il n’y a pas d’autre choix que de continuer nos efforts. D’une part, en soutenant toujours un processus de réconciliation nationale afghane – réconciliation qui respecte les droits et les libertés fondamentaux de la population, en particulier des plus vulnérables comme les femmes et les minorités. D’autre part, personne ne peut fermer les yeux sur le risque d’une tragédie humanitaire. La Belgique appelle les différentes forces à se joindre pour analyser les besoins et déterminer comment il est possible d’aider la population afghane, afin de la protéger d’une situation encore plus grave.

Pour la Belgique, un processus de paix national avec un soutien de la communauté internationale est la seule option viable. L’UE doit poursuivre ses efforts diplomatiques dans ce sens avec les autres acteurs concernés, tels que les États-Unis, la Turquie et les acteurs régionaux.